Suite à une enquête réalisée dans 25 pays par GLOBESCAN, nous constatons que la France est le seul pays parmi tant d’autres (développés ou en voie de développement) à connaitre une certaine méfiance face à l’économie de marché.
Mais avant d’expliquer ce rejet français, interrogeons-nous tout d’abord sur la définition de l’économie de marché.
L’économie de marché un système dans lequel les échanges de biens et de services sont dirigés par le jeu de l’offre et de la demande qui détermine les prix sur les marchés. L’initiative privée, la propriété privée et le profit y sont considérés positivement. Dans cette optique, chaque agent économique peut alors agir en fonction de ses intérêts. Aucun terme de la définition ne parait monstrueusement effrayant ! Et pourtant, en France, dès que l’on prononce le terme « économie de marché », on pense systématiquement aux mots « bourse », « mondialisation », « système libéral », « délocalisation », « chômage »… Que des mots qui ont une connotation négative dans l’esprit des Français !
Au contraire des pays anglo-saxons, la France reste très réticente face à l’économie de marché. Plusieurs raisons peuvent être invoquées. Nous sommes très frileux face à la mondialisation. Nous avons notamment peur de la concurrence des nouvelles puissances économiques émergentes et de leur main d’œuvre à faible cout. Par ailleurs, nous pensons que l’économie de marché renforce les inégalités sociales, la croissance ne profitant qu’aux riches. Et pourtant, notre niveau de vie s’est significativement élevé depuis quelques décennies. On pourrait également citer comme exemple le système de répartition français des retraites qui a sans doute poussé les habitants de l’hexagone à se désintéresser de la bourse au contraire des anglo-saxons. Cependant, les récentes réformes vont permettre d’inciter les français à placer leur argent pour s’assurer un complément de revenus à leur retraite. Ce désintérêt ou cette méfiance vis-à-vis des marchés est pourtant injustifiée car la bourse apparait comme le meilleur placement avec l’avantage d’être accessible à tous et sans contrainte d’endettement !
Mais au-delà des aspects sociaux, économiques ou culturels, des études se sont intéressées à expliquer cette défiance par la religion. Prenons l’exemple de la bourse : la religion catholique, par opposition à la religion protestante, considérait que le simple fait de placer son argent était immoral au contraire des protestants qui pensent que le croyant doit réussir sa vie terrestre, l’argent n’étant pas vu comme un vice. Même si les religions font de moins en moins parti de nos quotidiens, aurait-on gardé des traces de cette morale, la France étant de tradition catholique ? Si oui, alors comment expliquerions-nous le cas de l’Italie qui est en majorité en accord avec l’économie de marché. Il s’agit donc sans doute plus globalement d’une question de culture, de langue, d’éducation et d’histoire, qui nous pousse à un certain repli sur nous même, un refus d’une certaine forme d’évolution et qui nous pousse donc à être plutôt réfractaires à l’économie de marché.
Il faut pourtant l’avouer et se rendre à l’évidence que cette défiance peut être caractérisée comme « exception française » lorsque l’on regarde les statistiques des autres pays développés et émergents. Cette crainte étant paradoxale avec les bénéfices que nous avons pu en tirer de ce système qui n’est bien entendu pas parfait mais qui a grandement contribué au développement de nombreux pays.
Partisans de l’économie de marché ou au contraire farouches opposants au système actuel, n’hésitez en tout cas pas à partager en commentaires à cet article vos raisons et motivations. Les lecteurs étrangers sont bien entendu invités à intervenir et faire partager leur point de vue. Peut-être arriverons-nous enfin à comprendre le pourquoi de cette « exception française » ?
R. Bokreta