Il y a quelques jours de cela, lors d’un article sur les recommandations des analystes financiers, je vous avais promis quelques exemples, afin d’illustrer mon propos. L’un d’entre vous m’ayant qui plus est relancé sur le sujet, voici donc quelques exemples pris mercredi dernier (le 25/07). Les conditions de marché actuelles faussent sans doute quelque peu l’impact de ces recommandations, mais nous allons quand même pouvoir en voir les effets.
Revenons toutefois quelques minutes sur les principaux termes utilisés au sein de ces recommandations.
En dehors des conseils d’achat ou de vente (voir de temps en temps achat fort, alors que je n’ai jamais vu de « vente fort »), qui ne demandent pas d’explication particulière, on trouve en général quelques conseils intermédiaires, par ordre croissant de vendre à acheter :
– sous-performer, ou alléger : réduire la position d’achat, voir initier une position vendeuse.
– neutre ou performance en ligne : conserver. Cela signifie que l’objectif est proche, et qu’il ne reste pas suffisamment de potentiel pour que cela vaille le coup d’acheter ou renforcer.
– sur-performer ou renforcer : renfort des achats possibles, mais de façon modérée.
Ces conseils sont parfois agrémentés d’objectifs de cours, sans pour autant que ne soit donné en général de timing.
Comment utiliser et interpréter ces conseils ? Plus que le conseil en lui même, c’est la plupart du temps le sens de la modification qui est retenue par le marché. Ainsi, un analyste qui passerait à sur-performer sur une valeur avec objectif à 12 euros sur une valeur qui en vaut 10 fera sans doute baisser le cours si sa recommandation précédente était à « acheter », et ce même si l’objectif de cours est encore bien au-dessus des cours actuels.
Mais voyons quelques exemples plus concrets : le 25 juillet dernier, le marché à ouvert en légère baisse, puis après avoir accentué un peu cette dernière, est remonté à proximité de l’équilibre, avant de replonger en fin de séance, pour perdre 1,19%.
J’ai relevé le matin même avant l’ouverture les recommandations suivantes :
– Sur Carrefour, Deutsche Bank passe de conserver à acheter.
– Sur Atos, la même DB passe de neutre à vendre, avec un objectif revu de 49 euros à 43 euros, alors que la valeur vient de clôturer juste au dessus des 48 euros après 3 jours sur les 49 euros.
– Enfin, Crédit Suisse passe de sous-performer à neutre sur France Telecom, relevant son objectif de cours de 10% à 22 euros. La valeur venait de clôturer la veille sur 19,88 euros.
On notera au passage que ces cabinets d’analystes ne sont pas les plus influents, et notamment outre-atlantique puisque ce sont des établissements européens, mais on va voir toutefois un certain impact. Je vous proposerai une autre fois, lorsque les marchés se seront calmés, une analyse d’impact sur un conseil de Morgan Stanley ou Merril Lynch.
Revenons à Carrefour : le conseil n’est pas agrémenté d’objectif chiffré, mais il permet à la valeur d’ouvrir d’emblée en nette hausse (+1,4%) dans un marché qui ouvre dans le même temps en repli de 0,37%. Après un rapide retour sur les niveaux de clôture de la veille, à la faveur d’une mauvaise statistique et un rapide repli du CAC, la valeur va rapidement se redresser, devançant la lente et poussive amélioration du CAC. Elle portera ainsi sa progression à près de 2% pour un CAC de retour proche de l’équilibre. La fin de séance sera plus difficile, avec une rapide accélération baissière du CAC et des marchés dans leur ensemble, suivant en cela la tendance outre-atlantique. Carrefour suivra ainsi la tendance, mais terminera toutefois en très légère hausse contre un repli de 1,19% pour l’indice.
Le cas de France Telecom est également intéressant, car DB, bien qu’améliorant son objectif et son avis sur la valeur, reste neutre (autrement dit, conseille de conserver). L’effet est pourtant quasiment similaire à celui obtenu sur Carrefour, mis à part l’ouverture en très léger repli, toutefois moindre que celui du CAC. Et France Telecom ne tardera pas à passer en territoire positif, et ne subira d’ailleurs que peu le brutal trou d’air du CAC peu avant 10h. Puis, comme Carrefour, la valeur entamera une lente progression jusqu’à gagner 1,6%, avant de céder en fin de séance avec le marché, pour une clôture toutefois également légèrement positive.
Enfin, voyons avec ATOS le cas d’un abaissement de recommandation, qui va cette fois dans le sens du marché, même si la valeur en question ne fait pas partie de l’indice, et « souffre » d’une moindre liquidité. L’effet est en tout cas immédiat, puisque la valeur ouvre directement en repli de 2,5%, soit bien plus que le marché. Un logique rebond technique s’en suit, mais il restera bien maigre au regard de l’importance du gap laissé ouvert. La valeur se montrera même par la suite incapable de poursuivre sa progression tandis que le CAC remonte à proximité de l’équilibre. En fin de séance, elle subira par contre le repli du marché, même si l’impact restera finalement du même ordre de grandeur que la baisse enregistrée sur le CAC, soit un peu plus de 1% de repli sur cette fin de séance. Il faut dire que l’essentiel des vendeurs s’étaient déjà manifestés en début de séance…
Voilà donc pour l’effet immédiat. Je vous aurai bien proposé une petite analyse à quelques jours, pour voir l’impact à plus « long terme », mais les conditions actuelles de marchés n’auraient pas rendu forcément très significative une telle analyse. Peut-être d’ici quelques semaines, lorsque les marchés se seront calmés ?
Je vous engage en tout cas à regarder l’évolution à venir du titre France Telecom, déjà abordé dans mes exemples, alors justement que Morgan Stanley vient ce lundi de relever sa recommandation sur le titre, passant de « pondération en ligne » à surpondérer.