Bien choisir son courtier en ligne – Les principaux pièges à éviter

Après avoir fait le tour des principaux critères de différenciation des courtiers en ligne, afin de vous aider à identifier les critères les plus importants à vos yeux et affiner votre profil d’investisseur…,

…après vous avoir proposé un questionnaire pour vous aider dans votre sélection d’un intermédiaire qui vous corresponde,

… nous terminerons ce dossier sur les courtiers en ligne en abordant un certain nombre de pièges et idées reçues, à l’aide d’exemples chiffrés, pour vous permettre de mieux comprendre et anticiper d’éventuels effets de bord à l’origine de déceptions ou surcoûts fort désagréables, pour vous éviter de vous retrouver dans une situation où vous aurez l’impression d’avoir été piégé, tout en vous plaçant dans une situation psychologique inconfortable et peu propice à des investissements sereins.

 

1- Les ordres fractionnés

Qu’est-ce qu’un ordre fractionné ? Il s’agit d’un ordre dont l’exécution sur le marché se fait à plusieurs cours différents. Par exemple, si vous achetez 1000 titres au marché (c’est à dire sans condition de prix), et que vous avez en face de vous 300 titres à la vente à 10.03, 400 titres à 10.04 et 900 titres à 10.06, votre ordre va être exécuté à trois cours différents, pour 300 titres à 10.03, 400 titres à 10.04 et 300 titres à 10.06 (il restera 600 titres à la vente à 10.06).

Ces exécutions fractionnées sont assez fréquentes si vous passez des ordres de taille relativement importante par rapport à la liquidité du titre concerné, et si vous utilisez des ordres au marché, à seuil ou plage de déclenchement.

Elles le sont d’autant plus depuis les nouvelles cotations mises en place par Euronext, qui se font désormais souvent au dixième de centime près. Vous allez comprendre le pourquoi de ces nouveaux pas de cotations…

Lorsqu’un ordre est fractionné, la façon dont vous allez être facturé va dépendre de votre courtier.

Le mode de facturation le plus répandu est celui de la facturation unique : vous courtier considère qu’il s’agit d’un seul ordre, et vous facture donc une seule fois les frais de courtage. Cette approche à le mérite d’être plus simple et apparemment moins coûteuse. C’est une des premières idées reçues.

D’autres courtiers (assez rares), vont vous facturer à l’exécution, comme cela s’est passé en réalité sur le marché, avec peut-être trois contreparties différentes, trois prix distincts et donc trois facturations distinctes chez Euronext. Cette approche à le mérite d’être plus transparente et proche de la réalité. Elle va conduire toutefois à plusieurs facturations de courtage au lieu d’une.

La très grande majorité des investisseurs à qui vous poserez la question vous répondront qu’il est bien plus favorable d’avoir une facturation unique qu’une facturation multiple. Cela serait tout à fait juste si le cours d’exécution retenu par le courtier qui propose une facturation unique n’était le cours le plus élevé (dans le cas d’un achat, et le plus faible dans le cas d’une vente).

Voyons cela en détail, en reprenant notre exemple chiffré ci-dessus, et en comparant deux courtiers dont les frais de courtage sont équivalents pour cette tranche d’ordre (10000€) :

Fortuneo Eco (15,5€ TTC sous 8640€, 0.18% au delà, soit 18€ pour un ordre de 10000€),

et Dubus Tarif 2 bis (17.94€ TTC pour les ordres de 6000€ à 30000€, 14.35€ TTC pour les ordres de 4000 à 6000€, 9.57€ TTC pour les ordres de 2000 à 4000€, et 5.86€ TTC sous 2000€).

Dans les deux cas, nous achetons pour 1000 titres au marché et nous sommes exécuté pour 300 titres à 10.03, 400 titres à 10.04 et 300 titres à 10.06€.

Dans le premier cas, avec la tarification Fortuneo et une facturation unique, notre achat nous coûtera :
1000 x 10.06 + 0.18 x (1000 x 10.06) = 10078.11€

Dans le second cas, avec une facturation multiple, notre achat nous coûtera :
(300 x 10.03 + 9.57) + (400 x 10.04  + 14.35) + (300 x 10.06 + 9.57) = 10076.49€

Alors certes, la différence n’est pas énorme dans l’exemple que nous avons pris (totalement au hasard, avec d’ailleurs une facturation de courtage « au prix fort » pour les 400 titres à 10.04), mais elle est toutefois en faveur de la facturation multiple.

Voyons d’ailleurs ce que cela donnerait en changeant juste un peu les quantités, avec par exemple, toujours pour 1000 titres au total, une exécution de 350 titres à 10.03, 500 titres à 10.04 et 150 titres à 10.06€.

Dans le cas d’une facturation unique, notre achat nous coûtera toujours 10078.11€.

Dans le second cas, avec une facturation multiple, notre achat nous coûtera :
(350 x 10.03 + 9.57) + (500 x 10.04 + 9.57) + (150 x 10.06 + 5.86) = 10064.50€

Nous payons toujours plus de courtage direct que dans le cas d’une facturation unique (18.11€ d’un côté, et 25€ de l’autre), mais notre ordre nous coûte au final avec le fractionnement des frais de courtage 13.5€ de moins. Comme si le premier courtier proposait des frais de courtage à 0.045% au lieu de 0.18%…

Et encore, nous avons pris dans cet exemple des cours d’exécution relativement proches. Imaginez ce que cela pourrait donner sur une valeur moins liquide, en cas de déclenchement de votre stop que vous auriez mis sous 10€ par exemple, et une exécution entre 9.99 et 9.90 voir 9.85 ?

Terminons par un dernier exemple, pour ne pas faire de jaloux, en comparant le coût de ces deux approches avec un ordre de taille plus importante, entre le courtier le moins cher du marché, BinckBank (qui pratique la facturation unique), et toujours la tarification 2 bis de Dubus (qui pratique la facturation fractionnée) :

Nous achetons cette fois pour 50000€ de titres qui cotent autour de 25€ (soit 2000 titres), avec une exécution de 1000 titres à 24.95, 500 titres à 24.97 et 500 titres à 25€.

Les frais de courtage BinckBank, pour un ordre de 50000€, sont de 12.5€, soit un tarif extrêmement compétitif!

Notre achat nous coûtera alors :
2000 x 25 + 12.50 = 50012.5€

Dans le cas d’une facturation fractionnée avec la tarification en apparence plus chère de Dubus, notre achat nous coûtera :
(1000 x 24.95 + 17.94) + (500 x 24.97 + 17.94) + (500 x 25 + 17.94) = 49988.82€…

Alors bien sûr, tous les ordres ne sont pas fractionnés, et vous éviterez ce problème avec des ordres passés à l’avance à cours limité ou passés au prix du marché. Mais il est difficile de s’affranchir des ordres stops, notamment si vous investissez avec effet de levier.

Par ailleurs, même avec un ordre à cours limité, et plus votre ordre sera gros, plus vous aurez aussi des risques d’être exécuté partiellement, ce qui peut induire un coût supplémentaire si vous êtes obligés de passer un second ordre à cours plus défavorable, par exemple pour sortir d’une position.

Pour en terminer avec ces ordres fractionnés, nous n’avons pas parlé d’une condition bien sûr essentielle pour que la facturation fractionnée reste globalement plus favorable au client : il faut bien sûr que le courtier qui l’applique propose une tarification progressive. Si nous avions comptabilisé des frais minimum de 15.5€ par ordre comme dans première tarification prise en exemple ci-dessus, le résultat n’aurait clairement pas été le même. Voilà qui nous amène au deuxième point de ce dossier : le problème des tarifications cloisonnées.

 

2- Les tarifications cloisonnées

Si pour un montant d’ordre donné, il est facile de comparer les courtiers entre eux et de trouver des offres à prix attractif, on s’aperçoit aussi que la majorité des tarifs ne sont réellement compétitifs que pour une tranche d’ordres donnée.

C’est un problème a priori surmontable, puisqu’il suffit de s’arranger pour passer des ordres d’un montant toujours équivalent et optimisé par rapport à la tarification. Mais en pratique, on s’aperçoit que ce type de tarification n’est pas si intéressante et peut être contraignante, notamment dans les cas suivants :

– exécution partielle : vous devez repasser un second ordre, les deux sont facturés au prix fort,
– vous passez par une mauvaise passe, ou le marché baisse de façon marquée : votre portefeuille perd de sa valeur. En prenant des positions d’un montant toujours identique, vous prenez plus de risques et ne respectez plus les bases du money management,
– opération sur titre : vous vous voyez crédité de bons de souscription et vous voulez soit les revendre, soit compléter votre ligne. Il s’agit en général de petits montants, et si votre courtier ne vous propose pas un tarif compétitif pour les petits ordres, cela peut vous coûter cher.
– vous souhaitez intervenir sur une action plus risquée ou sur un warrant, et donc passer un ordre de taille inférieure à la normale : les frais seront proportionnellement plus importants, et le risque est même que vous soyez incité à gonfler votre position.

D’une façon générale, et surtout si vous êtes plutôt débutant, vous allez évoluer avec le temps, votre situation personnelle va changer, et vous aurez plus ou moins d’argent à investir. Vous allez gagner en expérience, ou au contraire être moins disponible, et vous pourrez être amené à vouloir ou pouvoir investir plus ou moins à chaque prise de position. Une tarification cloisonnée, et compétitive uniquement pour un montant d’ordres donné s’avèrera vite pénalisante.

Pour éviter ce problème, préférez donc des courtiers qui ont une tarification évolutive, comme Dubus, BinckBank ou IB.

 

3- Les retards dans le temps réel et dans l’exécution des ordres

Cet aspect, critique pour les traders les plus actifs, est le plus difficile à identifier et à évaluer. Il demande de contrôler deux points principaux : la qualité du temps réel et la rapidité d’exécution des ordres. Deux points qui, s’ils sont défaillants, auront des conséquences identiques : un surcoût potentiel important dû à un décalage entre le moment où vous passez votre ordre et le moment où il est réellement exécuté. Un surcoût qui va souvent au delà de l’économie de courtage que vous avez pu faire en choisissant un courtier moins cher, sans vous soucier de la rapidité de l’exécution des ordres et de la qualité du temps réel.

Le premier point à vérifier est donc le temps réel. Pour identifier des retards éventuels dans le temps réel, il est nécessaire d’avoir en parallèle plusieurs plateformes, pour identifier celles qui seront les plus rapides. Mais faire une comparaison quelques minutes n’est pas suffisant, car certains courtiers vous fourniront dans l’ensemble un temps réel irréprochable, mais connaîtront des ralentissements plus ou moins importants dans les périodes de mouvements brutaux sur les marchés. Ces moments mêmes où vous avez besoin d’un outil hyper-réactif pour être au plus près du marché.

Le second point à vérifier est la vitesse de transmission et d’exécution de vos ordres. Là aussi, il est extrêmement difficile de comparer les courtiers les uns par rapport aux autres, sauf dans le cas de lenteurs caractérisées et d’ordres qui mettent plusieurs secondes à être envoyés sur le marché. Il faudrait pouvoir envoyer le même ordre simultanément sur le marché à partir de deux plateformes distinctes, et répéter l’opération à différents moments de la journée et dans différentes configurations de marché. Autant dire impossible pour un particulier.

Et pourtant, dans les deux cas, que le retard vienne du temps réel ou de la transmission de votre ordre, une différence de quelques dixièmes de secondes peut suffire à vous coûter quelques centimes sur votre cours d’exécution si vous passez votre ordre au marché ou à la meilleure limite, voire même vous faire rater son exécution si vous intervenez à cours limité! Et n’oubliez pas que quelques centimes, voire même dixièmes de centimes pour les actions à petit prix, peuvent représenter facilement de 0.1% à 0.5% sur votre prix d’exécution, et même bien plus pour les actions moins liquides.

Le problème est bien sûr de pouvoir identifier les courtiers les plus fiables et les plus rapides, tant au niveau du temps réel que de la transmission des ordres. S’il est conseillé d’avoir quoi qu’il en soit deux courtiers lorsque l’on est un trader actif, pour pouvoir palier à un éventuel problème chez l’un ou chez l’autre, ce qui vous permettra de les comparer dans le temps, comment faire lorsque l’on n’a pas encore de compte ? En dehors d’utiliser le bouche à oreille, et vous servir du retour d’expérience d’amis traders, il vous restera les forums internet, sur lesquels vous pourrez essayer de glaner quelques informations. Ceux qui s’y expriment sont souvent les plus mécontents. Ça vous permettra déjà d’éliminer les courtiers les moins fiables.

Quant à nous, si nous avons eu l’occasion de tester la moitié des courtiers proposés dans ce dossier (sur des durées et dans des conditions de marchés variables de l’un à l’autre), si nous pouvons vous assurer que Dubus est particulièrement bien classé à ce sujet, que Cortal Consors a fait beaucoup de progrès à ce sujet depuis 1 an ou 2, ou que BinckBank est loin d’être parmi les plus performants, il ne nous est pas possible de vous livrer un comparatif exhaustif et suffisamment fiable. Nous nous abstiendrons donc, à regret.

 

4- Les frais cachés

Il y a quelques années, tous les courtiers proposaient des droits de garde. Ces droits de garde correspondent aux coûts associés à la détention d’actions et supportés par le dépositaire des titres. Mais les courtiers y englobaient souvent aussi les frais de tenue de compte. Mais pour des raisons commerciales, certains ont commencé à supprimer ces frais, ce qui, d’un point de vue marketing, était très bien vu. Seulement voilà, il ne faut pas se leurrer, les coûts pour les courtiers étaient eux toujours bien présents, et il fallait bien que ces derniers se rattrapent d’une façon ou d’une autre.

C’est ainsi qu’on a vu naître, en dehors du nombre de transactions minimum parfois demandé, un certain nombre d’autres frais en compensation, bien sûr moins visibles que les fameux droits de garde. On pourrait citer pèle mêle les frais d’abonnement, les frais sur virements, sur fermeture de compte, les frais d’envoi de recommandé (bien plus élevés d’ailleurs que le coût seul d’un recommandé), etc…, mais également des frais d’accès au temps réel ou aux plateformes de trading ou d’analyse graphique. Le but n’est pas de lister de façon exhaustive tous ces frais. Nous vous conseillons juste de bien regarder les tarifications en détail pour évaluer le montant des frais fixes que vous aurez à payer chaque année. Cela vous permettra d’affiner votre choix et d’éviter de désagréables surprises.

 

5- Le nombre de transactions minimum

Nous l’avons vu juste au dessus, de nombreux courtiers, en échange d’une diminution des frais fixes ou d’une tarification plus attractive, imposent un nombre minimum de transactions. Allant de 1 à 30 transactions mensuelles minimum, ces limites peuvent sembler assez peu contraignantes. Mais réfléchissez-y bien et regardez bien les conséquences en cas de non respect de ce nombre minimum. Trouverez-vous le temps et la motivation pour trader tous les mois ? Que ferez-vous pendant vos vacances ? Et si votre compte venait à diminuer, en raison de pertes ou tout simplement car vous avez eu besoin de liquidités, seriez-vous à même de passer toujours autant de transaction ? Il existe sans doute encore beaucoup d’autres raisons qui pourraient vous conduire à arrêter au moins momentanément le trading, mais ce n’est pas le seul aspect à prendre en compte.

Un autre élément qui peut vous cher est de vous forcer à passer des ordres uniquement pour atteindre le quota demandé. On n’est pas toujours inspiré par le marché, on n’a pas toujours le temps de l’analyser, et se forcer à intervenir peut s’avérer désastreux.

Réfléchissez donc bien avant de vous engager sur une tarification imposant un nombre minimum de transactions. Cela peut être très profitable car cela peut vous permettre de réduire vos frais, mais cela peut aussi devenir une contrainte lourde à supporter.

 

Conclusion

Voilà pour ce dossier sur le choix d’un courtier en ligne pour investir en priorité sur les actions. Nous espérons qu’il vous aidera dans votre choix. Nous l’avons réalisé de la façon la plus neutre possible, même si nous avons des partenariats avec certains courtiers et que ce comparatif peut vous sembler biaisé. Ces partenariats ont justement été mis en place il y a quelques années après une analyse concurrentielle du marché, et les courtiers retenus étaient ceux qui nous semblaient dans l’absolu la meilleure alternative, notamment pour des traders actifs.

Pour autant, chaque cas est un cas particulier, et ces courtiers ne sont pas forcéments ceux qui vous correspondent le mieux. Vous pouvez donc faire une demande gratuite de documentation pour Bourse Direct, Binck Bank et Fortuneo en cliquant ici. Quant à nos courtiers partenaires, pour obtenir plus d’informations et découvrir les avantages que nous vous offrons, contactez-nous par email ou appelez-nous au 09.70.40.80.62. Nos partenaires actions actuels sont Dubus, BourseDirect et Saxo. Pour ceux qui s’orientent plus vers les futures, les CFD, le Forex ou les marchés américains, nos partenaires sont WHSelfinvest et ActivTrades, sachant que Dubus et Saxo proposent également les futures et CFD, accessibles à partir du même compte titre que les actions, ce qui est un élément intéressant pour ceux qui ne veulent pas multiplier le nombre de comptes et d’intermédiaires.

Et bien sûr, n’hésitez pas à laisser vos commentaires et retours d’expériences à la suite de ce dossier, en argumentant bien sûr le plus possible pour aider vos prochains à faire leur choix.

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