Un petit article aujourd’hui pour revenir sur les pas de cotation, puisque depuis ce lundi, nous avons du nouveau sur le sujet.
Il y a quelques années, le pas de cotation – c’est à dire l’écart minimum de cotation admis entre cours consécutifs – dépendait du cours de l’action considérée. En dessous des 50 euros, le pas de cotation était de 0,01 euros. Au dessus des 50 euros, il était de 0,05 euros.
Puis ce pas a été uniformisé, et passé à 0,01 euros pour tous les titres, quel que soit leur cours.
Ce lundi, nous avons assisté à une nouvelle évolution à la bourse de Paris, cette fois un peu plus surprenante : la cotation pour 7 valeurs du CAC selon un échelon de cotation de 0.005 euros, contre 0.01 auparavant. Une mesure qui pose quelques questions, auxquelles nous allons essayer d’apporter une réponse. Pourquoi une telle mesure, pourquoi sur 7 valeurs seulement, et pourquoi ces valeurs ?
S’il est difficile de répondre de manière certaine en l’absence de déclaration officielles sur le sujet, on peut émettre quelques hypothèses qui ne doivent pas être bien loin de la vérité…
Pour ce qui est d’un choix de 7 valeurs, il ne s’agit visiblement que d’une première étape, avant que le système ne soit étendu à une partie plus importante de la cote. Mais pourquoi un tel changement ?
La première réponse qui vient à l’esprit est pour faciliter les échanges et rendre les cotations plus fluides. En effet, et notamment pour les « penny stocks », ces titres qui ne cotent que quelques centimes, 0.01 euro peut représenter un écart important. Ainsi, 0.01 représente 1% pour un titre cotant 1 euros, et même 10% pour un titre cotant 0.1 euros.
Coter avec un pas de cotation de 0.005 euros permettrait donc de réduire ces écarts et faciliterait la gradualité des échanges.
Mais voyons voir quelles sont les valeurs concernées. Il s’agit de 7 valeurs du CAC 40, parmi les plus grosses pondérations pour 5 d’entre-elles : Total, France Telecom, BNP, Axa ou Vivendi, et pour des valeurs plus « confidentielles » pour les 2 dernières : Alcatel et STMicroelectronics.
Pourquoi de tels choix ? Pour Alcatel et STMicroelectronics, qui cotent respectivement 4 et 7 euros, on peut le comprendre. Même si ces titres ne sont pas exactement ce qu’on appelle des « penny stocks », ce sont les deux seules valeurs du CAC à coter moins de 10 euros.
Mais que penser de Total (48 euros), France Telecom (22 euros), BNP (70 euros), Axa (24 euros) ou Vivendi (26 euros) ? Ce n’est clairement pas pour fluidifier les cotations, puisque ces titres sont déjà particulièrement liquides et même parmi les plus actifs de la bourse de Paris. Quant au pas de cotation, à 0.01 euros, il ne représentait que 0.05% pour les titres les moins chers. Alors pourquoi ?
Quand on sait qu’Euronext est en concurrence depuis le 1er novembre 2007 avec d’autres places de cotations, et que la facturation des ordres aux intermédiaires se fait par prix d’exécution, on a là une réponse toute trouvée. Avec un pas de cotation de 0.005 au lieu de 0.1, Euronext va multiplier le nombre de prix d’exécution, et donc les frais de courtage associés.
En effet, lorsque vous passez un ordre au marché, vous pouvez être exécuté à plusieurs prix différents en fonction de l’offre ou de la demande. Euronext va alors facturer à votre courtier des frais pour chaque cours d’exécution, ce qui devrait lui permettre ainsi d’augmenter son CA.
Si votre courtier facture les ordres fractionnés par prix d’exécution, vous risquez de voir vos frais de courtage augmenter, en raison des frais minimums de courtage par ordre.
Si votre courtier calcul un prix unique pour les ordres fractionnés, vous êtes a priori un peu mieux lotis, puisque c’est lui qui semble supporter cette augmentation de coût… mais regardez comment est calculé ce prix unique : au mieux, le prix est arrondi au centime supérieur, au pire, c’est le prix le plus élevé qui est retenu ! Un mode de calcul qui peut vite coûter cher, plus cher même que de multiplier les courtages.
Une seule solution donc : privilégier les ordres à cours limité, même si vous risquez de n’être exécuté que partiellement.