Chronique d’un gestionnaire de portefeuille (partie III)

La semaine dernière, je vous avais présenté de manière générale les différents aspects de mon activité de gérant de portefeuille, en vous présentant un peu plus la partie gestion, sans toutefois rentrer dans le détail de mon travail d’analyse, ainsi que les différents supports utilisés. C’est le but de l’article d’aujourd’hui.

Nous l’avons vu la semaine dernière, si je ne suis pas un fervent adepte de l’analyse fondamentale comme seule base de décision pour le choix des investissements, elle reste un passage nécessaire pour effectuer au moins un travail de filtre.

Je m’appuie pour cela sur le travail d’analystes spécialisés, je confronte mes opinions avec celles d’autres gérants, après avoir bien entendu surveillé l’actualité et le calendrier des évènements pouvant impacter le marché.

Après avoir donc sélectionné les valeurs sur lesquelles je travaille, mon travail consiste alors à analyser les graphiques des différentes valeurs et indices suivis, et au travers de ceux-ci, la psychologie des intervenants. Ce travail me permet d’identifier les meilleures opportunités d’investissement, les niveaux clés d’évolution des valeurs suivies, le but étant de maximiser le rapport gain / risque sur chaque placement, avec bien sûr des critères différents selon l’objectif de chaque position, son caractère CT, MT ou LT, etc… Je passe alors à l’action pour passer les ordres pour le compte de mes clients. Et si suivre quotidiennement les marchés peut être source de stress, demande une bonne maîtrise de soi et de ses émotions, et pas mal d’humilité, quelle satisfaction lorsque les anticipations s’avèrent justes, et que le marché va dans le sens attendu! Je fais souvent la comparaison avec le golf, lorsqu’après avoir analysé le terrain, les conditions météo, et le nombre de coups restant jusqu’au par, on fait le choix d’un club, on frappe la balle, et celle-ci se dirige précisément à l’endroit visé : quelle satisfaction, mais attention à ne pas s’enflammer trop vite : le coup suivant est là pour vous ramener à la raison 🙂

Voyons maintenant sur quels supports investir ? De nombreux supports d’investissement sont aujourd’hui à la disposition des gérants : actions bien sûr, mais également fonds d’investissements, SICAV, trackers, ou encore produits dérivés comme les options ou les warrants.

Pronant une gestion active et à moindre frais, je n’utilise pas les fonds d’investissements ou autres OPCVM, en raison d’une part des frais d’entrée et sortie, et droits de gestion (pourquoi faire payer au client deux fois ce type de frais ?), et d’autre part d’une moindre réactivité. Le seul intérêt de ces produits pourrait être d’investir sur des marchés étranger que l’on connaît peu ou pas du tout, et de se reposer donc sur les compétences de gérants spécialisés sur ces marchés. Un autre intérêt pourrait être de « jouer » par exemple sur les variations des changes, en achetant par exemple une SICAV monétaire en dollar, pour jouer sur la montée du dollar. Mais j’ai fait le choix de me concentrer sur des produits liquides et à moindres frais de courtage. Je n’utilise donc pas de fonds dans ma gestion, et ce d’autant plus que commencent à se développer les trackers.

Transition toute trouvée donc, vers un produit que je vous avais déjà présenté il y a quelques semaines de celà, et qui permet de se diversifier facilement et au même tarif que des actions du marché parisien. Echeangeable comme des actions, aux mêmes tarifs, les trackers permettent en effet d’investir sur la grande majorité des marchés mondiaux, au travers de leurs indices, sans avoir à passer par des fonds d’investissement. Attention quand même sur certains à un manque de liquidité, même si le teneur de marché est là pour l’assurer : il arrive parfois qu’il se retire, ou que la fourchette de cotation proposée soit assez importante.

Autre intérêt des trackers, les trackers à léger effet de levier et les trackers baissiers. S’ils sont destinés essentiellement au court terme, en raison du fonctionnement de leur effet de levier (se reporter aux notices), les premiers peuvent être très intéressants pour aider à surperformer un indice, et les seconds pour couvrir tout ou partie des portefeuilles, ou tirer parti des mouvements de baisse, même au sein des PEA.

Les trackers sont également intéressants pour s’affranchir des mauvaises nouvelles (profit warning, augmentations de capital, etc…) auxquelles peuvent être sujettes les actions. Ce sont donc des produits que j’utilise depuis quelques mois, au fur et à mesure de leur développement, et que je serai sans doute amené à utiliser de plus en plus.

Reste que la majorité de mes investissements est effectué sur les actions : cela reste le support le plus liquide et le plus abordable, et qui, malgré quelques risques déjà évoqués, offre une bonne visibilité, permet des arbitrages facilités, tout en parlant plus aux clients. Lorsqu’elles sont bien choisies, les actions permettent de surperformer les marchés, que ce soit à la hausse ou à la baisse, au moins lorsque les variations de ces derniers ne sont pas trop violentes.

Enfin, un petit mot quand même sur les produits dérivés. Ce ne sont pas des supports d’investissement que j’apprécie, notamment en raison de la valeur temps, mais également en raison d’un côté « manipulé » (retrait du teneur de marché, subjectivité de certains paramètres) qui rend difficile tout bénéfice en dehors de positions très courtes. Leur seul intérêt dans le cadre d’une gestion sous mandat peut être en couverture de tout ou partie du portefeuille, en mobilisant moins de fonds que les trackers. Les produits dérivés restent toutefois à manier avec grande précaution.

Voilà pour cette facette de mon activité. Je reviendrai lors d’un prochain point sur l’autre principale facette : la recherche et la gestion de la clientèle. A bientôt

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