Vous n’êtes pas sans le savoir, la période actuelle est la période de distribution des dividendes, autrement dit le versement aux actionnaires d’une partie des bénéfices de la société sur laquelle ils ont investis. Quel impact a ce versement de dividendes sur le CAC 40 ? Voyons tout d’abord rapidement quelques bases sur les dividendes.
Toutes les sociétés (et leurs actionnaires surtout) ne sont pas logées à la même enseigne, à savoir que certaines ont une politique plus ou moins tournées vers le versement d’un dividende (également appelé coupon). Pour les plus généreuses, on parle de sociétés de rendement, avec des dividendes qui peuvent atteindre 4 à 6% de la valeur de l’action. D’autres préfèrent investir, rembourser leur dettes, et reversent moins à leur actionnaires. C’est une question de choix stratégique, ces décisions étant prises en assemblée générale, et pouvant très bien varier d’une année sur l’autre.
Mais il ne faut pas croire qu’il vaut mieux se tourner vers les sociétés de rendement plutôt que celles qui ne versent quasiment aucun dividende. Il ne sert non plus à rien d’acheter une action la veille de la distribution du dividende, en espérant faire une plus value facile et rapide : en effet, il n’existe pas de gain gratuits, et encore moins en bourse, et lorsqu’une société verse un dividende de 1 euro, son cours s’ajuste à la baisse automatiquement le lendemain matin, de telle sorte qu’il n’y ait pas d’écart de valorisation d’un portefeuille entre la veille du détachement du coupon et le jour même.
Pourquoi alors un dividende ? L’intérêt est multiple : à l’instant t, celà permet déjà de « transférer » une plus-value boursière, imposée à 27%, vers un régime fiscal plus favorable (en tout cas tant que les dividendes ne sont pas trop élevés). Cela permet ensuite de récupérer une partie de son investissement, et donc à la fois de sécuriser cet investissement (en cas de faillite un jour, on aura toujours récupéré quelque chose) et diminuer le risque en diminuant la part investie sur la valeur en question dans le portefeuille. Ensuite, sur le moyen terme, cela ne change pas réellement la valeur de la société et sa capacité à générer des bénéfices. Tôt ou tard, le cours se réajustera sans doute, et retrouvera ses niveaux de valorisation d’avant distribution.
Quel impact alors sur le CAC ? Eh bien à la lumière de ce qu’il a été détaillé ci-dessus, les actions distribuant leur dividende voyant leur cours s’ajuster à la baisse, il apparaît que les dividendes font mécaniquement baisser le CAC 40. Les deux dernières séances que nous venons de connaître à la bourse de Paris (ce lundi 21/05 et vendredi 18/05) sont assez explicites, avec le détachement de dividendes de la part de poids lourds du CAC comme Total vendredi et la SG ce matin.
Ainsi, en versant 1 euro de dividende vendredi, Total, qui avait clôturé à 55.6 la veille, a ouvert à 54.95, en baisse de 1.2% (en fait en hausse de 0.6% par rapport à la clôture réajustée du dividende), et a « artificiellement » maintenu le CAC autour de l’équilibre, alors que la belle séance américaine de la veille et des futures bien orientés auraient pu faire penser à une ouverture plus franchement positive. Idem ce matin, avec le versement des 5.20 euros de la Société Générale. Il se trouve que sur ces deux sociétés, l’actualité chaude aura entraîné un très rapide retour de la valeur à proximité des cours de clôture d’avant dividende (hausse du prix du pétrole pour Total, et fusions/acquisitions pour la SG), aidant au retour dans le vert du CAC, mais ce n’est pas toujours le cas.
Attention, pour ce qui est des produits « dérivés », futures, warrants, ou même les trackers, ces derniers intègrent et compensent l’effet négatif du versement des dividendes. Ainsi, les trackers CAC étaient par exemple stables à l’ouverture, là où le CAC perdait environ 0.25%.
Attention également aux cours affichés par votre intermédiaire boursier : beaucoup ne recalculent pas le cours de clôture par rapport à ce dividende, ce qui fausse la variation réelle de l’action concernée.