Rallye de fin d’année : mythe ou réalité ?

Tous les ans, à l’approche du mois de Décembre, c’est la même rengaine dans les médias boursiers, au sujet de fameux rallye de fin d’année sensé propulser les marchés boursiers vers le haut. Mais qu’en est-il réellement ?

Avant de regarder les statistiques et décrypter les fins d’année du CAC depuis sa création pour chercher la trace d’un rallye, commençons par en chercher la définition, avant de ce concentrer sur le rallye de fin d’année. Et première surprise, tout le monde n’est pas d’accord sur la définition d’un rallye. Voici trois définitions que j’ai relevées sur internet :

Définition d’un rallye

AOF : « Mouvement spéculatif de hausse prononcée, mais éphémère d’un titre, d’un marché ou d’un type de placement (rally obligataire par exemple) dans une configuration de marché baissier ».

ABCBourse : « On parle de « rallye » lorsqu’une valeur suit une même orientation pendant une longue période. Un rallye haussier caractérise une action qui progresse pendant de longs mois et vice versa pour un rallye baissier ».

EduBourse : « Se dit d’une valeur qui évolue suivant une même tendance pendant plusieurs jours, semaines ou mois. Il peut s’agir d’un rallye haussier, ou d’un rallye baissier ».

Nous voilà bien avancés… Pour certains, il s’agit d’une hausse qui fait suite à une phase baissière, pour d’autre d’une tendance qui s’inscrit dans la durée, quand les troisièmes n’attachent pas d’importance à la durée du mouvement. Bref, la notion n’est pas claire, et on peut donc y mettre un peu ce que l’on veut. C’est pratique remarquez quand on veut asséner quelques vérités gratuites et faire rêver l’investisseur particulier.

Mais pour essayer d’analyser la réalité de ces fameux rallyes de fin d’année, il faut bien se baser sur une définition donnée. J’ai donc considéré, pour simplifier dans un premier temps, qu’un rallye était une simple phase de hausse des marchés, toutefois un minimum régulière, et quelque soit le comportement du marché avant la période considérée. Après tout, c’est ce qu’attendent la majorité des investisseurs lorsqu’ils espèrent un rallye. Mais pour moi, un rallye implique quand même une vraie régularité dans la hausse sur une durée de plusieurs semaines, voire même une notion d’accélération ou d’accentuation par rapport à la tendance précédente. J’y reviendrai en toute fin d’analyse.

Voilà pour la notion de rallye en général. Qu’en est-il du rallye de fin d’année en particulier ? Là aussi, les avis divergent, entre ceux qui considèrent l’ensemble du mois de décembre, et ceux qui se limitent aux derniers jours, disons aux deux dernières semaines.

Le rallye de fin d’année

J’ai donc analysé, depuis la création du CAC, les 21 mois de décembre jusqu’à celui de l’année dernière, en 2008, pour m’apercevoir qu’il n’y avait pas eu de hausse sur le mois de décembre sans qu’il y ait une hausse sur la fin du mois. Voilà de quoi simplifier cette étude, puisque nous parlerons de rallye boursier à partir du moment où nous avons une hausse un minimum régulière sur le mois, ce qui implique automatiquement une hausse sur la fin du mois. Mais pour être complet, je vous donnerai également des statistiques se concentrant sur la seule fin de mois.

Voilà donc ce que cela donne sur les deux graphiques ci-dessous, reprennant les 21 fin d’années depuis la création du CAC. Pour chaque année, j’ai encadré le mois de décembre, et relevé si nous avions ou non une hausse sur le mois, sur la fin de mois, et si on pouvait parler de rallye ou non (sachant que notre définition est assez permissive).

Rallyes

Rallyes2

Les premières conclusions

L’analyse de ces graphiques ne nous donne que 9 rallyes sur 21 années tel que défini, c’est à dire seulement 9 progressions un tant soit peu régulières sur le mois de décembre. J’aurais éventuellement pu retenir 2004, dont le mois a une allure plutôt horizontale malgré une hausse au final, réalisée aux 2/3 le premier jour du mois. 2001 a également vu une hausse, mais tellement irrégulière et due uniquement au fait que le 30 novembre est tombé dans un creux du marché. Je ne l’ai donc pas retenue en tant que rallye, qui implique quand même un minimum de régularité. Quoiqu’il en soit, difficile déjà dans ces conditions de parler de « traditionnel » rallye de fin d’année en considérant le mois de décembre dans sa totalité. Mais allons un peu plus loin quand même.

Sur ces mêmes 21 années étudiées, 13 se sont soldées par des hausses, 3 par une stabilité, et 5 par une baisse. Là où ça commence à devenir intéressant (c’est à dire un minimum exploitable), c’est que ces 9 rallyes se sont tous déroulés des années de hausse. C’est à dire que sur les 13 années de hausse, 9 ont connu un mois de décembre haussier. Ce n’est pas forcément une si grande surprise, car une hausse en décembre contribue à réaliser une hausse sur l’année, mais il reste intéressant de noter qu’il n’y a eu aucune hausse en décembre les années où le CAC terminait stable ou en repli.

Avant de zoomer un peu plus sur ces 9 rallyes, regardons quand même ce qu’il en est en ne considérant que la fin du mois de décembre, puisqu’il s’agit d’une autre alternative à la définition du rallye de fin d’année. Et là c’est nettement plus probant, puisque 16 années sur les 21 considérées se sont soldées par une hausse. Plus de 3 fois sur 4, le marché enregistre donc une hausse sur la deuxième quinzaine de décembre. Voilà quelques statistiques un peu plus exploitables.

Mieux, sur les 13 années de hausse sur les 21 considérées, les 13 ont vu une hausse sur la deuxième quinzaine de décembre. Les 3 autres hausses de la dernière quinzaine ont eu lieu deux fois quand la bourse de Paris a terminé l’année autour de l’équilibre, et 1 seule fois une année de repli. Voilà qui est également intéressant.

Avant d’en arriver à une petite synthèse, et sachant que nous avons assimilé la notion de rallye à la seule notion de hausse, voyons un peu plus en détail la qualité de ces fameux 9 rallyes retenus sur 21.

Sur ces 9 présumés rallyes, un seul est un peu limite, en 1997, avec une hausse appréciable mais finalement assez peu régulière, concentrée sur la première séance du mois et les 3 dernières.

Pour le reste, c’est plutôt pas mal, avec en 1999, 2003, 2005 et 2006 des hausses plutôt régulières et parfois importantes, mais qui s’inscrivent dans la tendance. Pas de réelle notion d’accélération haussière donc, même si nous avons la régularité dans la durée.

Seule l’année 92 voit un rallye après une tendance plutôt baissière les mois précédents, tandis que l’on retrouve la notion d’accélération ou de reprise de la hausse surtout en 88, 89 et 93.

En résumé :

– Le marché ne connait un rallye en décembre que moins d’une année sur deux (et ne progresse tout court qu’une année sur deux), mais près 3 fois sur 4 les années de hausse du marché.
– Les rallyes en décembre n’interviennent que lorsque l’année est haussière,
– Le marché connait par contre un rallye haussier en seconde partie de décembre plus de 3 fois sur 4, et jusqu’à maintenant systématiquement lorsque l’année est haussière.

En conclusion :

– On ne peut pas parler de réel rallye haussier sur le mois de décembre, sauf les années de hausse.
– On peut par contre parler de rallye haussier (ou en tout cas de période de hausse) sur la fin du mois de décembre, puisque cela se vérifie plus de 3 fois sur 4.
– L’année 2009 étant a priori haussière sur les marchés, nous avons près de 3 chances sur 4 d’avoir une hausse en décembre, et 100% de chances d’avoir une hausse sur la seconde partie de décembre…

…  si les statistiques se vérifient bien sûr. Car n’oubliez surtout pas qu’il ne s’agit que de statistiques, réalisées uniquement sur 21 évènements, et non pas de certitudes… A bon entendeur… et rendez-vous en janvier pour un bilan sur ce 22ème mois de décembre depuis la création du CAC.

PS : pour plus d’informations et statistiques sur les différentes périodes de l’années, les autres rallyes, etc… je vous invite à découvrir l’Almanach 2009 du Trader. Instructif.

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