Chronique d’un gestionnaire de portefeuille (partie II)

Il y a quelques semaines, je vous avais proposé le début d’une chronique un peu particulière, puisque j’avais souhaité vous faire partager un peu mon quotidien de gérant de portefeuille. Je vous en propose aujourd’hui un nouvel épisode.

Pour coller un peu plus à l’actualité de cet été, je vous avais parlé de mon quotidien pendant la période agitée que nous avons connu, qui plus est en pleine période de vacances. Je souhaiterais aujourd’hui reprendre peut-être les choses dans le bon ordre, profitant d’un certain retour au calme pour vous présenter le métier de gérant de portefeuille.

Aussi, pour mieux vous en faire comprendre les différents aspects, commençons par planter un peu le décor : le principe de la gestion de portefeuille est le suivant : le client ouvre un compte à son nom dans un établissement agréé, et signe un mandat de gestion pour confier celle-ci à un gérant, selon un profil et une tarification définie. C’est donc le gérant qui est chargé de passer les ordres d’achat et vente sur le compte du client et en son nom. Il est rémunéré pour cela, soit de manière fixe (pourcentage des avoirs gérés), variable (pourcentage des bénéfices), soit les deux. Selon la taille et la politique des sociétés de gestion, la partie commerciale et la partie gestion de portefeuille peuvent être séparées. J’ai fait le choix d’une société où le gérant s’occupe de tous les aspects, pour une meilleure proximité et une meilleure connaissance des clients.

Lire la suite... Mon travail s’articule donc essentiellement autour de deux axes : la recherche et gestion de la clientèle, et la gestion à proprement parler des portefeuilles clients. Voyons voir tout d’abord ce deuxième aspect, qui constitue le coeur de mon activité, et commençons tout d’abord mon approche de la gestion, pour mieux comprendre mon quotidien. Nous reviendrons ensuite plus en détail sur l’analyse et le choix des investissements.

On peut gérer un portefeuille boursier « à l’ancienne » (n’y voyez là aucune connotation péjorative), c’est à dire en considérant que la bourse est un investissement long terme, et que le choix des valeurs se fait sur les fondamentaux des sociétés et des secteurs économiques, sur les prévisions de croissance et de génération de bénéfices. Le travail consiste alors à éplucher les bilans et comptes de résultats, à rencontrer les dirigeants, pour se faire une idée aussi précise que possible de la valorisation actuelle et à venir des sociétés. Mais le travail demandé est fastidieux (à mes yeux en tout cas :-)), les données ne sont pas toujours faciles à interpréter, sans parler de leur fiabilité, d’autant que ce travail à lui seul est de moins en moins payant.

En effet, depuis quelques années ou dizaines d’années, l’économie s’est accélérée, le système financier s’est développé, les sociétés se rachètent les unes les autres, changent de secteur d’activité ou d’orientation de plus en plus rapidement, tandis que le marché est de plus en plus régit par le court terme, l’anticipation, la spéculation, sans parler de l’influence des nombreux produits dérivés. Bref, la lisibilité et la prévisibilité n’est plus la même, les horizons de temps se sont raccourcis, ce qui m’a conduit à mettre en place un mode de gestion plus actif et plus orienté sur le court terme.
Cela ne remet pas en cause le bien fondé de l’analyse fondamentale, qui permet toujours de filtrer les valeurs sur lesquelles investir. Mais l’analyse fondamentale n’est pas suffisante, notamment d’un point de vue timing et définition des prix d’intervention.
Cela ne remet pas en cause non plus le fait que la bourse doit être considéré comme un investissement long terme. Mais le long terme peut-être abordé comme une suite de périodes de plus court terme.
Il existe en fait une réponse à ces différents besoins : l’analyse technique et psychologique des marchés financiers, qui permet une analyse plus fine des prix à court terme.

Mon approche de la gestion privilégie donc le court terme, mais pas pour l’opposer au moyen ou long terme. Le but est d’optimiser les performances et réduire autant que possible le risque, en augmentant ou réduisant les positions en fonction des variations court terme de ces dernières, tout en gardant une base d’investissement long terme autant que possible.
Mon approche de la gestion privilégie également l’analyse technique et psychologique des marchés, mais pas pour l’opposer à l’analyse fondamentale. Le but est d’utiliser l’analyse fondamentale pour filtrer les valeurs sur lesquelles j’interviens, et l’analyse technique et psychologique pour identifier autant que possible le prix et le moment auquel on intervient.

Nous verrons la semaine prochaine comment se passe alors plus précisemment mon travail d’analyse et d’investissement, les différents supports utilisés, leurs avantages et leurs inconvénients, avant d’aborder, dans un nouvel épisode, l’autre facette de ce métier : la recherche et la gestion de la clientèle.

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